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III. LIVRE DES ODES

D’Hyacinth’, d’Europe, et encorcs
De Narcisse se complaignant
De son ombre le desdaignant.

Ne sont pas dignes de la peine,
Qu’en vain tu donnes à tes doits :
Car plustost soit d’or, soit de laine.
Ta toile peindre toute pleine
De ton tourment propre tu dois.

Quand je te voy, et voy encore
Ce vieil mary que tu ne veux,
Je voy Tithone, et voy l’Aurore,
Luy dormir, elle ses cheveux
Refrisoter de mille neuds

Pour aller chercher son Ccphale :
Et quoy qu’il soit alangoré
De voir sa femme morte et palle.
Si suit-il celle qui égalle
Les roses d’un front coloré.

Parmy les bois errent ensemble
Se soûlant de plaisir, mais lâs !
Jamais le jeune amour n’assemble
Un vieillard de l’amour si las
A un printemps tel que tu l’as.

A LA FONTAINE BELLERIE.

ODE XI.

  Escoute un peu Fontaine vive,
En qui j’ay rebeu si souvent
Couché tout plat desur ta rive
Oisif à la fraischeur du vent :

  Quand l’Esté mesnager moissonne
Le sein de Cerés dévestu.
Et l’aire par compas resonne
Gémissant sous le bled batu :