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II. LIVRE DES ODES

Des fraises, et de la crême :
C’est en Esté ce que j’aime,
Quand sur le bord d’un ruisseau
Je la mange au bruit de l’eau,
Estendu sus le rivage,
Ou dans un antre sauvage.
   Ores que je suis dispos,
Je veux boire sans repos,
De peur que la maladie
Un de ces jours ne me die,
Me happant à l’impourveu,
Meurs gallant, c’est assez beu.

ODE XXIII.

  Hé ! mon Dieu que je te hay Somme,
Et non pour-autant qu’on te nomme
Le froid simulacre des mors :
Mais pour-autant que quand je dors,
Par toy du penser m’est ravie
L’ardeur qui me tenoit en vie :
En dormant penser je ne puis
Au bien par qui vivant je suis,
Et sans lequel je ne pourroye
Estre vif, si je n’y songeoye.
  Pource ne me vien plus seiller
L’œil, pour me faire sommeiller :
Le veiller m’est plus agreable
Que n’est ton dormir miserable,
Qui du cœur la nuict me soustrait
Le penser qui vivre me fait.

ODE XXIIII.

  Laisse moy sommeiller Amour !
Ne te suffist-il, que de jour
Les yeux trop cruels de ma Dame
Me tourmentent le corps et l’ame,
Sans la nuict me vouloir ainsi