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II. LIVRE DES ODES

Au soin qui l’esprit me mcird :
Que peut Hector pour moy faire.
Que peut Ajax qui est mort ?
  Mieux vaut donc de ma maistresse
Chanter les beautez, afin
Qu’à la douleur qui me presse
Daigne mettre heureuse fin :
  Ces yeux autour desquels semble
Qu’Amour vole, ou que dedans
Il se cache, ou qu’il assemble
Cent traits pour les regardans.
Chantons donc sa cheveleure,
De laquelle Amour veinqueur.
Noüa mille reths à l’heure
Qu’il m’encordela le cœur :
  Et son sein, rose naïve.
Qui va et vient tout ainsi
Que font deux flots à leur rive
Poussez d’un vent adouci.

CONTRE DENISE

Sorcière.

ODE XVI

  L’inimitié que je te porte.
Passe celle, tant elle est forte,
    Des aigneaux et des loups,
Vieille sorcière deshontée,
Que les bourreaux ont fouettée
    Te honnissant de coups.

  Tirant après toy une presse
D’hommes et de femmes espesse,
    Tu monstrois nud le flanc.
Et monstrois nud parmy la rue
    L’estomac, et l’espaule nue
Rougissante de sang.