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riser leurs deliberations, que sur l’heure le Dieu auquel ils se noient, leur envoyoit quelque bon ou mauvais augure, ou mesme qu’il estoit present pour les secourir en leur fortune, les appellans Deos praesentes, Jovem praesentem, pour dire, Propitium. Catulle, D extra stemuit apprdbatione. Et Properce, Aridus argutum stemuit omen Amor. Petrarque en a pareillement usé. XLI


Si quelque amoureux passe en Anjou par Bourgueil,
Voye un pin qui s’esleve au dessus du village,
Et là, sur le sommet de son pointu fueillage,
Voirra ma liberté triomphe d’un bel œil,
Qu’Amour victorieux, qui se plaist de mon dueil,
Appendit pour trofée, et pour servil hommage :
Afin qu’à tous passans elle fust tesmoignage
Que l’amoureuse vie est un plaisant cercueil.
Je ne pouvois trouver plante plus estimée
Pour pendre ma despouille, en qui fut transformée
La jeune peau d’Atys desur le mont Idé.
Mais entre Atys et moy il y a difference,
C’est qu’il fut amoureux d’un visage ridé,
Et moy d’une beauté qui ne sort que d’enfance.


BELLEAU Si quelque amoureux passe.) Par une gentille invention il marque le lieu où il fut amoureux, disant que quir