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J’ay cent mille tormens, et n’en voudrais moins d’un,
Tant ils me sont plaisans, pour vous, belle maistresse :
Un fascheux desplaisir me vaut une liesse,
Et jamais vostre orgueil ne me fut importun.
Je suis bien asseuré que si jamais aucun
Fut heureux en servant une humaine Déesse,
Sur tous les amoureux heureux je me confesse,
Et ne veux point ceder en bon-heur à quelcun.
Plus je suis abaissé, plus j’espere de gloire :
Plus je suis en l’obscur, plus j’espere de jour.
Il vaut trop mieux mourir pour si belle victoire,
Que de gaigner ailleurs ce bon enfant Amour.
Je jure par ses traits, et je le veux bien croire,
Qu’il blanchist et noircist ma fortune à son tour.


BELLEAU

J’ay cent mille tormens.) Il confesse que plus grand heur ne luy pourroit advenir, que d’endurer pour celle dont il parle, disant que le travail luy sert de repos, le desplaisir de plaisir, et qu’il ne voudroit la diminu tion du moindre de ses maux. Il finit par une comparai son prise de la guerre, disant qu’il vaut trop mieux mourir pour quelque glorieuse victoire, que de faire butin en lieu moins honorable. Qu’il ne soit vray, Amour l’en asseure, jurant par son arc et par ses fleches. J’ay cent mille tormens, et n’en voudrois moins d’un, Tant ils me sont plaisans.) Properce, Omne in amore malum, si paliare, leve est. Je jure par ses traits.) Ceste invention est tirée des anciens Grecs et Latins, lesquels feignoient, pour favof