Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

» Et le sot volontiers est tousjours bien traité.
» O traistre et lasche Amour, que tu es malheureux !
» Malheureux est celuy qui devient amoureux !


BELLEAU S’il y a quelque fille.) Il se plaint de son desastre, qui le rend si malheureux, qu’il semble que le Ciel le fit naistre en ce monde seulement pour servir de proye aux rigueurs et cruautez d’Amour, sans jamais avoir savouré une de ses moindres douceurs. Sous tel astre malin.) Les Poetes voulans cacher leur malheur de quelque honneste cou verture, ont accoustumé d’accuser le Ciel, ou les astres, ou les Dieux, comme premiers autheurs de leur infor tune : aussi la faute s’en excuse plus doucement. Ma nille, Mitior autore est credita culpa deo. Malheureux est celuy.) Secundus, O natum tristi sydere quisquis amat.


CHANSON

Amour, dy moy de grace (ainsi de tous humains
Et des Dieux soit tousjours l’empire entre tes mains)
Qui te fournist de fléches ?
Veu que tousjours cholere, en mille et mille lieux
Tu perds tes traits és cœurs des hommes et des dieux,
Empennez de flammeches ?
Mais je te pri’ dy moy ! est-ce point le Dieu Mars,
Quand il revient chargé des armes des soldars
Tuez à la bataille ?
Ou bien si c’est Vulcan, qui dedans ses fourneaux
(Apres les tiens perdus) t’en refait de nouveaux,
Et tousjours t’en rebaille ?