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Heureux du mal que je reçoy, Pour t’aimer cent fois plus que moy.


BELLEAU Demandes-tu, chere Marie.) Il descrit le piteux estat de sa vie, disant que la suite continuelle de son malheur ne procede d’autre occasion, que du plaisir que sa maistresse prend à le voir tourmenter. C’est une version de Manille, Rogas quœ mea vita sit, Neaera ? Qualem scilicet ipsa das amanti, Infelix, misera, inquies, molesta. XXXII


J’aime la fleur de Mars, j’aime la belle rose,
L’une qui est sacrée à Venus la Déesse,
L’autre qui a le nom de ma belle maistresse,
Pour qui ne nuit ne jour en paix je ne repose.
J’aime trois oiselets, l’un qui sa plume arrose
De la pluye de May, et vers le ciel se dresse :
L’autre qui veuf au bois lamente sa destresse :
L’autre qui pour son fils mille versets compose.
J’aime un pin de Bourgueil, où Venus apendit
Ma jeune liberté, quand prise elle rendit
Mon cœur, que doucement un bel œil emprisonne.
J’aime un jeune laurier, de Phebus l’arbrisseau,
Dont ma belle maistresse en tortant un rameau
Lié de ses cheveux me fist une couronne.