Adieu forests adieu ! adieu le verd sejour
De vos arbres, heureux pour ne cognoistre Amour
Ny sa mere qui tourne en fureur le plus sage.
Est-ce tant que la Mort : est-ce si grand mal’heur
Que le vulgaire croit ? Comme l’heure premiere
Nous faict naistre sans peine, ainsi l’heure derniere
Qui acheve la trame, arrive sans douleur.
Mais tu ne seras plus ? Et puis : quand la paleur
Qui blesmit nostre corps sans chaleur ne lumiere
Nous perd le sentiment ! quand la main filandiere
Nous oste le desir perdans nostre chaleur !
Tu ne mangeras plus ? Je n’auray plus envie
De boire ne manger, c’est le corps qui sa vie
Par la viande allonge, et par refection :
L’esprit n’en a besoin. Venus qui nous appelle
Aux plaisirs te fuira ? Je n’auray soucy d’elle.
» Qui ne desire plus, n’a plus d’affection.
SONNET
[Sonnets divers (1587), I, 586, avec le suivant.]
Vous estes deja vieille, et je le suis aussi.
Joingnon nostre vieillesse et l’accollon ensemble,
Et faison d’un hyver qui de froidure tremble
(Autant que nous pourrons) un printemps adouci.
Un homme n’est point vieil s’il ne le croit ainsi :
Vieillard n’est qui ne veut : qui ne veut, il assemble