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Afin de prendre des oyseaux
Pour les emprisonner en cage :
Quand il veit, par cas d’aventure,
Sur un arbre Amour emplumé,
Qui voloit par le bois ramé
Sur l’une et sur l’autre verdure.
L’enfant qui ne cognoissoit pas
Cet oyseau, fut si plein de joye
Que pour prendre une si grand’ proye
Tendit sur l’arbre tous ses lats.
Mais quand il vit qu’il ne pouvoit
(Pour quelques gluaux qu’il peust tendre)
Ce cauteleux oyseau surprendre,
Qui voletant le decevoit :
Il se print à se mutiner
Et getant sa glus de colere,
Vint trouver une vieille mere,
Qui se mesloit de deviner.
Il luy va le fait avouer,
Et sur le hault d’un Buys luy monstre
L’oyseau de mauvaise rencontre,
Qui ne faisoit que se jouer.
La vieille en branlant ses cheveux
Qui ja grisonnoient de vieillesse,
Luy dist : Cesse mon enfant, cesse,
Si bien tost mourir tu ne veux,
De prendre ce fier animal,
Cet oyseau, c’est Amour qui vole,
Qui tousjours les hommes affole
Et jamais ne fait que du mal.
Oh que tu seras bien heureux
Si tu le fuis toute ta vie,