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Las ! donnez-le moy donc, et de l’œil faittes signe
Que vostre cœur est mien et que vous n’avez rien
Qui ne soit fort joyeux, vous laissant, de me suivre.
Ou bien si vous voyez que je ne sois pas digne
D’avoir chez moy le vostre, au-moins rendez le mien,
Car sans avoir un cœur je ne sçaurois plus vivre.


BELLEAU Quand je vous dis Adieu.) Il prie sa dame de luy ren voyer son cœur qu’il avoit laissé prisonnier dedans ses yeux, ou bien qu’elle luy donne le sien en eschange, et qu’il ne pourroit vivre sans avoir l’un ou l’autre.


CHANSON

Plus tu connois que je brusle pour toy,
Plus tu me fuis cruelle :
Plus tu connois que je vis en esmoy,
Et plus tu m’es rebelle.
Te laisseray-je ? helas je suis trop tien,
Mais je beniray l’heure
De mon trespas : au-moins s’il te plaist bien
Qu’en te servant je meure.


BELLEAU Plus tu connois que je brusle pour toy.) Ce sont reproches coustumieres à ceux qui ayment et qui sont passionnez pour leurs maistresses, de tourner tout à leur desavantage et de s’imprimer à la fantasie que s’ils ne sont caressez comme ilz pensent meriter, que ce n’est que cruauté et rigueur, disant que d’autant plus qu’ilz se monstrent affectionnez, ilz reçoivent mauvais traictement ne ser