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qui est hors de sentiment, car la trop grande affection qu’il luy porte, a tellement aliené son esprit, qu’il ne luy reste que sa fureur pour guide et pour compagne. Et que si elle veut qu’il se porte plus modestement en son en droit, il faut qu’elle le guarisse, estant en sa puissance de luy donner le vray remede pour le tirer hors de sa fièvre.


O ma belle maistresse, à tout le moins prenez
De moy vostre servant ce Rossignol en cage,
Il est mon prisonnier, et je vis en servage
Sous vous, qui sans mercy en prison me tenez :
Allez donc, Rossignol, en sa chambre, et sonnez
Mon dueil à son oreille avec vostre ramage,
Et s’il vous est possible émouvez son courage
A me faire mercy puis vous en revenez :
Non non, ne venez point, que feriez vous chez moy ?
Sans aucun reconfort, vous languiriez d’esmoy,
» Un prisonnier ne peut un autre secourir.
Je n’ay pas Rossignol sur vostre bien envie,
Seulement je me hay et me plains de ma vie
Qui languist en prison, et si n’y peut mourir.


BELLEAU

O ma belle maistresse.) Il fait comparaison de sa vie prisonniere, à celle d’un Rossignol en cage duquel il fait present à sa maistresse, la priant de le vouloir rece voir, il prie le Rossignol d’amolir sa cruauté par les dou ceurs de son ramage, et qu’il demeure en sa maison par ce que l’autheur estant prisonnier comme luy et en pareille misere, il ne luy pourroit donner aucun secours. Properce dit presque chose semblable :