Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/415

Cette page n’a pas encore été corrigée

Bien que vers moy tu sois ingrate, et dédaigneuse,
Fiere, dure, rebelle, et nonchallant’ d’aimer,
Encor je ne me puis engarder de nommer
La terre où tu nasquis sur toute bien-heureuse.
Je ne te puis haïr, quoy que tu me sois fiere,
Mais bien je hay celuy qui me mena de nuict
Prendre de tes beaux yeux l’acointance premiere :
Celui sans y penser à la mort m’a conduit,
Celui seul me tua, he mon Dieu ! n’esse pas
Tuer que de conduire un homme à son trespas ?


BELLEAU

O toy qui n’es de rien.) Encores que sa maistresse luy soit incessamment cruelle, sans prendre pitié de son martire, comme dédaignant le service d’un loyal servi teur, si est ce que toutes ses cruautez ne sont suffisantes (comme il dit) d’empescher qu’il ne nomme le lieu où elle print naissance tresheureux et fortuné, pour avoir nourry ue si gentille creature, accomplie de tant de graces et de perfections. Quoy ! en glace et en feu.) Telles passions sont assez vulgaires dedans les poètes. Je ne te puis hayr.) Il confesse que nonobstant toutes ses ri gueurs il ne luy peut porter inimitié, mais bien il hait celuy qui fut occasion de la premiere connoissance qu’il eut d’elle, l’accusant avoir esté la seule cause de sa mort, et que celuy veritablement tue qui conduit l’homme au lieu où il doit mourir. Il y a presque un tel commencement de Sonet en Petrarque.

Vera donna à cui di nulla cale

Se non d’honor che sovr’ ogni altra mieti.


Autre (j’en jure amour) ne se sçauroit vanter
D’avoir part en mon cœur, vous seule en estes dame,