en ce monde, car la France connoist assez par ses doctes escrits soient Grecs, Latins, ou François, de quelle estoffe on le doit estimer.
He que me sert, Pasquier, ceste belle verdure
Qui rit parmi les prez, et d’ouïr les oyseaux,
D’ouïr en contre-val le gazouillis des eaux,
Et des vents printanniers le gracieux murmure ?
Quand celle qui me blesse, et de mon mal n’a cure
Est absente de moy, et pour croistre mes maux
Me cache la clarté de ses astres jumeaux,
De ses yeux, dont mon cœur prenoit sa nourriture.
Pasquier j’aimeroy mieux, qu’il fust yver tousjours :
Car l’hyver n’est si propre à nourrir les amours,
Comme est le renouveau, qui d’aimer me convie.
Ainçois de me hayr, puis que je n’ay pouvoir
En ce beau mois d’Avril entre mes bras d’avoir
Celle qui dans ses yeux tient ma mort et ma vie.
BELLEAU
Hé que me sert Pasquier.) Il se plaint à Pasquier de la longue absence de sa maistresse, pour n’avoir cest heur de la voir lors que la gaye saison du printemps le convie à faire l’amour, souhaittant plustost les froides rigueurs de l’hyver, que de jouïr des douceurs du renouveau absent de sa dame. Tout est de son invention.
O toy qui n’es de rien en ton cœur amoureuse
Que d’honneur et vertu, qui te font estimer
Quoi ! en glace et en feu voirras-tu consommer
Tousjours mon pauvre cœur sans luy estre piteuse ?