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Non au butin d’un rivage estranger,
Non au sablon qui jaunoye au Pactole.
Mon Dieu ! quel heur et quel contentement
M’a fait sentir ce faux recolement,
Changeant ma vie en cent metamorphoses ?
Combien de fois doucement agité,
Suis-je ore mort, ore resuscité
Entre cent liz, et cent vermeilles roses ?


XIII

Ô de Nepenthe et de liesse pleine
Chambrette heureuse, où deux heureux flambeaux,
Ces deux beaux yeux plus que les Astres beaux,
Me font escorte apres si longue peine !
Or’ je pardonne à la mer inhumaine,
Aux flots, aux vents, la traison de mes maux,
Puis que par tant et par tant de travaux
Une main douce à si doux port me meine.
Adieu tormente, adieu naufrage, adieu
Vous flots cruels, ayeux du petit Dieu,
Qui dans mon sang a sa fleche souillée :
Ores ancré dedans le sein du port,
En vœu promis, j’appan dessus le bord
Aux Dieux marins ma despouille mouillée.


XIIII

Petit nombril, que mon penser adore,
Et non mon œil, qui n’eut oncques le bien
Que de te voir, et qui merites bien
Que quelque ville on te bastisse encore.