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L’honnesteté, la douceur, la rigueur,
Et tous les biens et maux que vous me faites.
Là voz cheveux, vostre œil et vostre teint,
Et vostre front s’y monstre si bien peint,
Et vostre face y est si bien enclose,
Que tout est plein : il n’y a plus d’endroit
Qui ne soit vostre : et quand Amour voudrait,
Il ne pourrait y graver autre chose.


V

Ayant la Mort mon cœur des-allié
De son sujet, ma flame estoit esteinte,
Mon chant muet, et la corde desceinte,
Qui si long temps m’avoit ars et lié.
Puis je disois, Et quelle autre moitié,
Apres la mort de ma moitié si sainte,
D’un nouveau feu et d’une neuve estrainte
Ardra, noûra ma seconde amitié ?
Quand je senty le plus froid de mon ame
Se r’embraser d’une nouvelle flame,
Prinse és filets des rets Idaliens :
Amour re-veut, pour eschaufer ma glace,
Qu’autre œil me brusle, et qu’autre main m’enlasse,
O flame heureuse, ô bienheureux liens !


VI

Ce Chasteau-neuf, ce nouvel edifice
Tout enrichy de marbre et de porphire,
Qu’Amour bastit chasteau de son empire,
Où tout le Ciel a mis son artifice,