Ren moy ce voir et cest ouyr :
De ce parler fay moy jouyr,
Si douteux à rendre responce.
Ren moy l’objet de mes ennuis :
Si faire cela tu ne puis,
Va-t’en ailleurs, je te renonce.
A la Mort j’auray mon recours :
La Mort me sera mon secours,
Comme le but que je desire.
Dessus la Mort tu ne peux rien,
Puis qu’elle a desrobé ton bien,
Qui fut l’honneur de ton empire.
Soit que tu vives pres de Dieu,
Ou aux champs Elisez, adieu,
Adieu cent fois, adieu Marie :
Jamais Ronsard ne t’oublira,
Jamais la Mort ne deslira
Le nœud dont ta beauté me lie.
SONETS
I
Terre, ouvre moy ton sein, et me laisse reprendre
Mon thresor, que la Parque a caché dessous toy :
Ou bien si tu ne peux, ô terre, cache moy
Sous mesme sepulture avec sa belle cendre.
Le traict qui la tua, devoit faire descendre
Mon corps aupres du sien pour finir mon esmoy :
Aussi bien, veu le mal qu’en sa mort je reçoy,
Je ne sçaurois plus vivre, et me fasche d’attendre.