BELLEAU Si je t’assauls,) Il monstre comme il est difficile de combattre l’Amour, veu qu’il tient fort en quelque lieu que nous peussions l’assieger, soit au ciel, en la terre, ou en la mer, lesquels obeissent tous à son commande ment.
Je suis un Demi-dieu, quand assis vis à vis
De toy, mon cher soucy, j’escoute les devis,
Devis entre-rompuz d’un gracieux sou-rire,
Sou-ris, qui me retient le cœur emprisonné :
Car en voyant tes yeux, je me pasme estonné,
Et de mes pauvres flancs un seul mot je ne tire.
Ma langue s’engourdist, un petit feu me court
Fretillant sous la peau : je suis muet et sourd,
Un voile sommeillant dessus mes yeux demeure :
Mon sang devient glacé, le courage me faut.
Mon esprit s’evapore, et alors peu s’en faut
Que sans ame à tes pieds estendu je ne meure.
BELLEAU
Je suis un Demi-dieu.) C’est la traduction de l’Ode
de Saphon, que je t’ay cy dessus alleguée. En la lisant
tu la pourras admirer, au moins si jamais tu as esté
espoinçonné d’affection et de passion amoureuse, les
quelles sont toutes icy representées. Catulle l’a aussi
traduite :
Ille mi par esse videtur,
Ille (si fas est) superare divos.