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Ainsi ma teste à tous les coups
Se panche de tristesse à terre.
Sur moy ne bat veine ny pouls,
Tant la douleur le cœur me serre :
Je ne puis parler, et mon ame
Engourdie en mon corps se pâme.
Adonques pasmé je mourrois,
Si d’un seul baiser de ta bouche
Mon ame tu ne secourais,
Et mon corps froid comme une souche :
Me resoufflant en chaque veine
La vie par ta douce haleine.
Mais c’est pour estre tourmenté
De plus longue peine ordinaire,
Comme le cœur de Promethé,
Qui se renaist à sa misere,
Eternel repas miserable
De son vautour insatiable.


BELLEAU Comme la cire peu à peu.) Il dit que les rayons des beaux yeux de sa dame ont telle puissance sur luy, qu’ils le font distiller et consommer, comme la cire pres du feu, ou la neige qui fond au Soleil, perdant sa force et sa couleur comme la rose portée dedans le sein de quelque jeune pucelle, ou comme le liz trop lavé et battu d’une trop ennuyeuse pluye. Pris de Marulle : Ignitos quoties tuos ocellos In me vida moves, repente qualis Casra defluit impotente ftamma, Aut nix vere novo. Ronsard. — Les Amours, t. II. 8