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J’ay pour mes hostes nuict et jour
La peine, le soing, et l’esmoy,
Qui tous pratiquent dessus moy
Toutes les cruautez d’Amour :
Et toutefois je n’ose armer
Ma raison pour vaincre le tort :
Car plus on me donne la mort,
Et plus je suis content d’aimer.

BELLEAU Je suis tellement amoureux.) Il n’y a d’autre intention en ceste Chanson qu’une fureur, et une rage passionnée d’amour. Marulle, Jactor, dispereo, crucior, trahor hue miser atque hue : Jpse ego iam quis sim nescio, nec ubi sim. Tot simul insidiis premor undique, proh dolor ! in me Saevitiae Cypris dat documenta suae.

Si vous pensez qu’Avril, et sa belle verdure
De vostre fiévre quarte effacent la langueur,
Vous estes bien trompée, il faut guarir mon cœur
Du chaud mal dont il meurt, duquel vous n’avez cure.
Il faut premier guarir l’ancienne pointure
Que voz yeux en mon sang me font par leur rigueur,
Et en me guarissant vous reprendrez vigueur
Du mal que vous souffrez, et du mal que j’endure.
La fiévre qui vous ard, ne vient d’autre raison,
Sinon de moy qui feis aux Dieux une oraison,
Pour me contre-venger, de vous faire malade.