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Mais ce bel œil qui me fait langoureux,
Le sçait, le voit, et si ne le veut croire.
Dequoy me sert que mon mal soit notoire
Quand à mon dam son œil trop rigoureux,
Par ne sçay quel desastre malheureux
Voit bien ma playe, et si la prend à gloire ?
C’est un grand mal ! que pour cent fois jurer,
Cent fois promettre, et cent fois asseurer
Qu’autre jamais n’aura sus moy puissance,
Qu’elle s’esbat de me voir en langueur :
Et plus de moy je lui donne asseurance,
Moins me veut croire, et m’appelle un moqueur.

BELLEAU Chacun qui voit.) Il se plaint de ne pouvoir persuader à sa dame, pour quelque asseurance qu’il luy donne de sa foy, qu’il soit amoureux d’elle, encores que chacun cognoisse aisément à son palle et triste visage qu’il le soit bien fort, luy estant impossible dissimuler l’amour qu’il luy porte. Ovide, Quis enim celaverit ignem, Lumine qui semper proditur ipse suo ? Ce Sonet est tiré d’un de Petrarque : Lasso, ch’i ardo, e altrui non m’el crede Si crede ogni huom’, se non%sola colei Che sovr’ ogni altra, &- che sola vorei, Ella non par che’l creda, <5< si s’el vede.

CHANSON

Quand je te veux raconter mes douleurs,
Et de quel mal en te servant je meurs,