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Si j’estois Jupiter, Marie, vous seriez
Mon espouse Junon : si j’estois Roy des ondes,
Vous seriez ma Thetis, Royne des eaux profondes,
Et pour vostre maison les ondes vous auriez.
Si la terre estoit mienne, avec moy vous tiendriez
L’empire sous voz mains, dame des terres rondes,
Et dessus un beau Coche en belles tresses blondes,
Par le peuple en honneur, Déesse vous iriez.
Mais je ne suis pas Dieu, et si ne le puis estre.
Le ciel pour vous servir seulement m’a fait naistre.
De vous seule je prens mon sort avantureux.
Vous estes tout mon bien, mon mal, et ma fortune.
S’il vous plaist de m’aimer, je deviendray Neptune,
Tout Dieu, tout Jupiter, tout riche, et tout heureux.


BELLEAU

Si j’estois Jupiter.) Il desire estre Jupiter, afin que Marie fust sa Junon, et Neptune, afin qu’elle fust sa Thetis. Sur la fin il conclud, qu’il voudroit avoir changé de bonnet rond, et l’avoir espousée.


XLVIII

Marie, que je sers en trop cruel destin,
Quand d’un baiser d’amour vostre bouche me baise,
Je suis tout esperdu, tant le cœur me bat d’aise :
Entre voz doux baisers puissay-je prendre fin.
Il sort de vostre bouche un doux flair, qui le thin,
Le josmin et l’œillet, la framboise et la fraise