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Contre le roc de ta rigueur cruelle
Amour m’attache à mille clous d’aimant.
En lieu d’un Aigle, un soin incessamment
Souillant sa grife en ma playe éternelle,
Ronge mon cœur, et si ce Dieu n’appelle
Madame afin d’adoucir mon torment.
Mais de cent maux, et de cent que j’endure,
Fiché, cloué dessus ta rigueur dure,
Le plus cruel me seroit le plus dous,
Si j’esperois après un long espace
Venir à moy l’Hercule de ta grâce,
Pour délacer le moindre de mes nouds.


MURET

Pour estre seul.) Il continue encores à se comparer à Promethée, et se dit estre tourmenté, non pour avoir ravy le feu du Soleil, comme luy : mais pour avoir trop aimé les beaux Soleils, c’est à dire les yeux de sa Dame. Contre le roc de ta rigueur.) Comme contre un Caucase. Si j’esperois.) Apres que Promethée eust long temps demeuré en la misère que j’ay dicte, Hercule allant avec Jason et les autres à la conqueste de la Toison d’or, et passant par Scythie, par le commandement de Jupiter, le deslia, ayant premièrement tué l’Aigle à coups de flèches. La fable est dedans le Commentateur d’Apolloine sur le second livre, et dans Valcre Flacque au quatrième, [66-81] et cinquième [155-177] des Argonautiques.


XIIII

Je vy tes yeux dessous telle planette,
Qu’autre plaisir ne me peut contenter,
Sinon le jour, sinon la nuict chanter,
Allège moy douce plaisant brunette.