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I. livre des amours


MURET
Bien qu'il te plaise.) Il dit premierement, que tous les tourmens qu'il reçoit par la cruauté de sa Dame, ne luy sçauroient estre qu’agreables. Apres il luy remonstre, qu'il est à elle trop meilleur et trop mieux seant, le prendre à mercy, que par dureté l'occire. Siege à ta tyrannie.) En mon cœur, où tu commandes et regnes comme tyran et Seigneur. D'une amour.) Quand Amour est de genre feminin, il se prend pour la passion et affec- tion amoureuse : quand il est masculin, pour le Dieu d'Amour Cupidon. Toutesfois les Poëtes les confondent pour la nécessité du vers. Dedié.) Il persiste en sa Meta- phore, dedié, victime, offrir sacrifice, sang.

VIII

Lors que mon œil pour t'œillader s'amuse, Le tien habile à ses traits descocher, Par sa vertu m’em-pierre en un rocher, Comme au regard d’une horrible Meduse : D'homme un rocher, si dextrement je n’use L'outil des Sœurs pour ta gloire esbaucher, Qu'un seul Tuscan est digne de toucher, Ta cruauté soymesme s'en accuse. Las, qu'ay-je dit ? Dans un roc emmuré, En te blasmant je ne suis assuré, Tant j'ay grand peur des flames de ton ire, Et que mon chef par le feu de tes yeux Soit diffamé, comme les monts d'Epire Sont diffamez par la foudre des cieux.

MURET
Lors que mon œil.) Il dit que quand il s'amuse à œil-