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LE PREMIER LIVRE DES AMOURS

DE P. DE RONSARD,
Commentées par Marc Antoine de Muret.


I


Qui voudra voir comme un Dieu me surmonte,
Comme il m’assaut, comme il se fait veinqueur,
Comme il r’enflame et r’englace mon cœur,
Comme il reçoit un honneur de ma honte :

Qui voudra voir une jeunesse pronte,
Qui voudra voir un sujet de malheur,
Me vienne lire : il lira ma douleur,
Dont ma Maistresse et Amour ne font conte.

Il cognoistra que foible est la raison
Contre son trait, quand sa douce poison
Corrompt le sang, tant le mal nous enchante :

Et cognoistra que je suis trop heureux
D’estre en mourant nouveau Cygne amoureux,
Qui son obseque à soy-mesme se chante.


MURET

Qui voudra voir.) Le Poëte tasche à rendre les lecteurs attentifs, disant, que qui voudra bien entendre la nature d’Amour, vienne voir les effets qu’Amour produit en luy. Un Dieu.) Amour. Il cognoistra.) C’est à dire :