Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 1.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xlii
AVERTISSEMENT

L’édition de 1571 suit trop fidèlement les éditions antérieures et ne s’en distingue pas assez pour servir de type ; elle est au reste trop incomplète. Quant à celle de 1572-3, c’est en gros celle de 1571, avec, en plus, la Franciade.

Nous avons soumis à une minutieuse critique l’édition tant vantée de 1584, dans la Revue des Bibliothèques (janvier 1912) : les suppressions, trop souvent injustifiées, qui s’y rencontrent, ne nous permettent d’en admirer que la typographie. Elle demeure vénérable, car ce fut sur son texte que s’endormit Ronsard de son dernier sommeil, mais ce texte n’est guère qu’une copie, infidèle souvent, de celui de 1578.

La profusion des variantes que nous offre l’édition de 1587 indique que celle de 1584 fut l’objet d’une révision soigneuse ; nous ignorerons toujours dans quelle proportion Galland respecta la pensée dernière du poète et s’il se contenta de transcrire les corrections que Ronsard aurait inscrites sur un exemplaire du bel in-folio de 1584. On ne s’explique guère non plus le retour de 1587 à des textes condamnés depuis vingt ans au moins par Ronsard.

En donnant la préférence à cette édition de 1578, nous pouvons présenter aux admirateurs de Ronsard un texte très homogène, en une graphie uniforme pour la plus grande partie de l’Œuvre du poète : « les Pièces retranchées » sont en effet bien moins nombreuses ici qu’en 1584 et surtout 1587, et l’apport particulier de ces deux dernières éditions ne compense que très peu ce qui leur manque des éditions précédentes. Les virulentes attaques des protestants n’étaient pas sans avoir ému le poète, et 1578 est moins abondante en « folastries » que 1571, mais moins émondée pourtant que 1584.

De toutes les éditions, celle de 1578 eut les soins les plus personnels de Ronsard. Belleau n’était plus là pour revoir le Commentaire de Muret ou le sien propre, et