de procurer à Desportes un succès éclatant. Favori du roi Henri III, adopté par la Cour, soutenu par le goût italien qui gagnait de plus en plus et qu’il représentait avec éclat, ce rival disputait à son tour la place de son maître vieillissant. Celui-ci savait bien qu’en certaines luttes littéraires nul ne pouvait se mesurer à lui ; mais gardait-il encore le cœur des femmes ? Cassandre et Marie ne semblaient-elles pas démodées à la génération nouvelle ? Ronsard chercha une dernière dame. Au Louvre même, parmi les filles d’honneur de la Reine-mère, il choisit la plus fine, la plus lettrée, la plus vertueuse, cette « Minerve de la Cour », qui se nommait Hélène de Surgères et que d’autres poètes, Desportes lui-même, chantaient à l’envi.
Dans ce concert leurs voix ne serviront plus désormais que d’accompagnement à la sienne. Les deux livres ajoutés à ses Amours en 1578 lui rendirent sans conteste, pour les connaisseurs, la place disputée. La très noble histoire de cœur qu’il y racontait, plus précise, plus circonstanciée que les précédentes, était celle d’un homme d’âge ayant cherché d’abord un thème d’exercices littéraires, puis enchanté peu à peu par les charmes d’une liaison intellectuelle digne de lui. A-t-il fini par nourrir sous son « chef grison » les pensées d’un véritable amour ? Sans doute aimait-il Hélène d’être grave, sérieuse, accueil-