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PIERRE DE RONSARD

Écrits d’enthousiasme ou d’indignation, roulant d’un même flot le meilleur et le pire, mêlant dans leur verve rapide d’assez nombreuses platitudes à des envolées presque sublimes, les discours politiques de Ronsard ont des parties d’admirables poèmes. Le don qu’il y fait aux lettres françaises égale celui qu’elles ont reçu des Odes et des Amours. Les contemporains ne s’y sont pas trompés ; ils ont admiré, applaudi, imité. Posséderions-nous, sans ce puissant modèle, les incomparables Tragiques d’Agrippa d’Aubigné ? L’éloquence est entrée avec Ronsard chez les Muses françaises. Corneille l’y fixera pour jamais, et l’on serait injuste d’oublier à quel prédécesseur il doit le mouvement et l’ampleur de sa grande rhétorique de poète.