Je m’enfermai trois jours, refrogné de dépit,
Et prenant le papier et l’encre, de colère,
De ce temps malheureux j’écrivis la misère.
Dans ces pages vigoureuses, le lettré s’efface derrière le citoyen, et la mythologie même, dont sa pensée ne se sépare guère, y paraît à peine. Le partisan, à y regarder de près, montre plus de mesure qu’on ne pourrait le croire. Sa véhémence acerbe comporte une sorte d’équité. Son blâme ni sa louange ne vont pas toujours d’un seul côté, puisque, après avoir flétri les prédicants fanatiques, les brûleurs d’images saintes et les pilleurs de couvents, il proclame sans ménagement les abus ecclésiastiques, « le Pape trop enflé de biens », le scandale des prélats mondains et des prêtres corrompus. Il supplie les Pères du Concile de Trente d’aviser sans retard aux grands remèdes et regrette que la réforme nécessaire n’ait pas été faite à temps. L’ironie dont il cingle ceux qui l’apportent avec le fer et le feu est d’autant plus persuasive qu’elle n’épargne pas leurs adversaires. Il écarte d’ordinaire, sauf quand il riposte à ses plus grossiers diffamateurs, les attaques trop personnelles ; il garde même son estime et sa reconnaissance à ceux des rebelles qui furent ses amis ou ses bienfaiteurs, qu’ils soient Bourbon ou Châtillon. Dans un temps où les violences de la parole arment tant de brutalité et de fureur,