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PIERRE DE RONSARD

leur nom aux fables merveilleuses ou aux questions élevées qu’il entreprend de traiter en leur honneur. Il les intéresse à l’Eternité, au Ciel, à la Justice, à la Philosophie, à la Mort ; il leur conte les légendes de l’or et celle des « Daimons », en de longues pages, d’où l’ennui n’est point absent, mais que relèvent souvent soit un récit aux brillantes images, soit une exposition d’idées abstraites nouvelle en notre poésie, soit quelque allégorie éloquente :

Ecoute donc ma voix, ô Déesse Victoire,
Qui guéris des soudars les plaies, et qui tiens
En ta garde les rois, les villes et leurs biens,
Qui portes une robe empreinte de trophées,
Qui as de ton beau chef les tresses étoffées
De palme et de laurier, et qui montres sans peur
Aux hommes comme il faut endurer le labeur ;
… Viens, Déesse, ici-bas
Favoriser Henri, et d’un bon œil regarde
La France pour jamais et la prends sous ta garde.

Les Poèmes ont rassemblé des pièces souvent plus courtes, plus vives, où l’actualité tient sa place ainsi que la vie du poète, avec ses amitiés, les souvenirs de sa jeunesse et le rappel de ses travaux. Cette variété de tons s’accentue encore, quand il se prend à rajeunir l’églogue, à rimer pour la cour des Valois des « mascarades » et des