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I. LIVRE DES AMOURS 233 Avez vous point soucy de mon esmoy, Comme de vous le soucy m’espoinçonne ? De votre amour tout le cœur me bouillonne, Devant mes yeux sans cesse je vous voy, Je vous entens absente, je vous oy, Et mon penser d’autre amour ne resonne. J’ay voz beautez, voz grâces et voz yeux Gravez en moy, les places et les lieux, Où je vous vy danser, parler et rire. Je vous tien mienne, et si je ne suis pas mien, En vous je vy, je m’anime et respire, Mon tout, mon cœur, mon sang, et tout mon bien. MURET [lire BELLEAU] Que dites vous.) Ce Sonet de soymesme se donne à entendre, sans autre interprétation. ccxxv Mets en oubly, Dieu des herbes puissant, Le mauvais tour que non loin d’Hellesponte Te fit m’amie, et vien d’une main pronte Guarir son teint de fièvres pallissant. Tourne en santé son beau corps périssant : Ce te sera, Phebus, une grand’honte, Si la langueur sans ton secours surmonte L’œil, qui te tint si long temps languissant. En ma faveur si tu as pitié d’elle, Je chanteray, comme l’errante Dele S’enracina par ton commandement :