Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 1.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xviii
PIERRE DE RONSARD

Sonnets pour Hélène la mélancolie des dernières tendresses. À travers les lieux communs de la rhétorique amoureuse et sous la convention des symboles, s’évoque la beauté des femmes qui ont régné sur un cœur fervent ; ils retracent des aventures réelles, les drames véridiques de l’espoir, de l’indifférence, de l’infidélité ou de la séparation. On voudrait reconstituer autour de quelques figures nettes l’histoire sentimentale du poète ; et voici d’abord cette Cassandre, qui remplit de sa fierté d’héroïne de l’Arioste les premiers livres des Amours. Elle a vécu sous le ciel de Touraine, elle s’est appelée Cassandre Salviati, et son père fut un Florentin devenu banquier du Roi et marié à une Française. Son doux visage de quinze ans, la grâce de son maintien et de sa danse ont enchanté le jeune Ronsard pendant un bal au château de Blois, et son prompt mariage a enflammé sa passion naissante, au lieu de l’éteindre. La châtelaine de Pray s’est trouvée dans les conditions requises par la tradition des poètes pour inspirer l’amour « courtois » ; mais elle ne semble pas avoir accordé de reconnaissance à qui lui donnait l’immortalité.

Après avoir douté à tort de l’existence réelle de Cassandre, on est porté aujourd’hui à tirer des vers qui la chantent une histoire trop précise. Plus d’un épisode n’est probablement que le décalque d’un grand modèle. Comment ne pas