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PIERRE DE RONSARD

comme le furent celles des Anciens et comme l’étaient déjà, d’ailleurs, les psaumes de Marot et les « chansons » de son école. Ronsard ne conçoit pas les vers lyriques autrement que chantés à une ou plusieurs voix, et c’est en vue de la collaboration des musiciens qu’il s’attache à certaines particularités métriques, telles que l’alternance des rimes masculines et féminines, qui s’impose alors à l’usage, et leur répétition rigoureuse à la même place de la strophe. Ainsi se fixent, pour l’époque où la musique ne les soutiendra plus, tant de rythmes dont la plupart viendront jusqu’à nous.

Ce « sentier inconnu », que Ronsard traçait hardiment sur le Parnasse français, il ne pouvait se vanter de l’ouvrir par la publication de ses Amours. Le sonnet commençait à envahir la France, après avoir pullulé en Italie, et, si l’importance du livre le montrait digne du jeune « prince des poètes », avant lui déjà Du Bellay avait réuni le recueil de l’Olive, et Pontus de Tyard celui des Erreurs amoureuses. Les cent quatre-vingt-trois sonnets des Amours, la plupart imités de Pétrarque et de Bembo, quelques-uns de l’Arioste et de « pétrarquistes » moindres, laissent cependant déborder la personnalité de l’écrivain. D’après la théorie de la Pléiade, l’originalité réside dans la forme française, nullement dans le sujet ou lesdéveloppements, qu’on em-