Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 1.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xii
PIERRE DE RONSARD

III

Dès son début, Ronsard s’est placé très haut. Ce n’est pas par un recueil de vers d’amour, comme la plupart des poètes du temps, qu’il a voulu s’imposer. En dépit d’une inexpérience, qui n’est point si visible, et d’erreurs, qui ne sont point si nombreuses, les Odes de 1550 introduisent chez nous, et du premier coup, le grand lyrisme. L’Antiquité en offrait le modèle sous deux formes, auxquelles, pour simplifier, nous attachons le nom de Pindare et celui d’Horace. Le chantre de Lydie et de Phidylé apparaît comme le premier maître de Ronsard et celui dont l’influence fut le plus durable. Des affinités profondes les rapprochaient ; ils avaient en commun leur façon d’envisager le plaisir, leur enchantement de la nature et les formes mêmes de leur mélancolie. Notre poète montrait pourtant déjà un sentiment rustique plus frais et plus coloré, pris à son cher pays de Vendômois. Mais ses odes « horatiennes », quelque parfaite qu’en fût la forme, n’apportaient point d’essentielles nouveautés. Tout autres furent les « pindariques », qui s’étalent au seuil