et à montrer qu’elle était capable, aussi bien que l’italienne, d’aborder tous les genres qu’avaient traités les Anciens. Il préparait les esprits à l’imminent avènement d’une poésie, qui naissait dans l’Université de Paris, au secret d’un sanctuaire d’enthousiasme consacré aux Muses et desservi par une joyeuse « brigade » de rimeurs. C’était le petit collège de Coqueret, dirigé par le Limousin Jean Dorat, qui expliquait à des écoliers déjà mûrs et bons latinistes les merveilleux poètes grecs, Homère, Eschyle, Pindare. Du Bellay était venu de son Anjou prendre part à cet enchantement et au grand effort qui allait suivre. Il annonçait Ronsard en traçant en vingt passages de son livre le portrait du grand poète attendu de tous, qui devait envoyer à l’oubli de bruyantes renommées de cour et de vaines couronnes des Jeux floraux, enrichir d’un seul coup la France des trésors « pillés » à l’Antiquité grecque et latine, « amplifier » magnifiquement la langue maternelle et lui faire produire pour la première fois « œuvre digne de l’immortalité ». Lentement formé dans le silence d’une retraite studieuse par la découverte progressive des Anciens, conseillé par les meilleurs maîtres humanistes, soutenu par l’admiration fidèle d’un cénacle, l’auteur des Odes se jeta à vingt-cinq ans à la conquête de la gloire.
Tous ceux qui ont pris part aux premiers combats sous un tel chef lui ont gardé une recon-