en bien des pages, et chacun peut constater qu’il impose encore à nos poètes la plupart des formes d’expression qui lui ont servi.
Admettons donc, dès l’abord, qu’une part de ses hautes ambitions s’est justifiée. Entrons sans trop d’appréhensions dans le vaste édifice que l’écrivain a cru aménager tout entier pour l’immortalité. Quelques salles s’éclairaient beaucoup mieux autrefois et plusieurs sont devenues assez obscures ; mais toutes peuvent être visitées, maint détail y charme les yeux et la majesté de l’ensemble impose le respect. De robustes mains ont construit la demeure de notre lyrisme naissant ; elle a été utilisée depuis par la poésie tout entière.
La critique contemporaine met ce rôle de créateur dans une lumière toujours plus vive. Assurément, la rénovation de notre poésie par Ronsard et sa Pléiade a eu quelques précurseurs, qu’on cherche autour de la reine de Navarre et dans l’école qui fleurit à Lyon aux dernières années du règne de François Ier. Cependant la révolution ronsardienne est si brusque et si singulière que l’action personnelle de ceux qui l’ont faite y apparaît toute-puissante. Feuilletons les œuvres les plus fines de Maurice Scève et d’Antoine Heroët, après celles de Marot et de Marguerite de Valois, et ouvrons ensuite, à n’importe quelle page, les Odes, les Amours de Ronsard ou les