I
L’œuvre de Ronsard effraie le lecteur moderne par son étendue. On craint avec raison de trouver bien des parties caduques dans des livres qui ont dû beaucoup de leur intérêt aux circonstances contemporaines et aux formes de culture propres à leur temps. Mais le lettré peut les ouvrir avec confiance ; la moitié au moins de la poésie de Ronsard lui est accessible sans préparation et demeure pour lui fraîche et vivante. Le trésor reste assez riche pour payer l’ennui d’un léger effort, tel que l’hésitation devant certains mots sortis de l’usage.
La poésie de l’autre grand lyrique, Victor Hugo, toute proche de nous par la langue, commence déjà à s’éloigner par le sentiment et les idées, et le déchet inévitable pour ces œuvres immenses n’y sera pas moindre que chez le vieux Ronsard. À quatre siècles de distance, celui-ci nous émeut