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ceux du costé droit, de malheur. Telle est l’opinion des Latins : car les Grecs au rebours pensoient ceux du costé droit estre heureux, et les autres malheureux.


XX

Ha je voudroy richement jaunissant
En pluye d’or goûte à goûte descendre
Dans le giron de ma belle Cassandre,
Lors qu’en ses yeux le somne va glissant.
Puis je voudroy en toreau blanchissant
Me transformer pour finement la prendre,
Quand en Avril par l’herbe la plus tendre
Elle va fleur mille fleurs ravissant.
Ha je voudroy pour alléger ma peine,
Estre un Narcisse, et elle une fontaine,
Pour m’y plonger une nuict à séjour :
Et si voudroy que ceste nuict encore
Fust éternelle, et que jamais l’Aurore
D’un feu nouveau ne rallumast le jour.


MURET

Ha je voudroy.) Le sens est, qu’il voudroit bien obtenir jouyssance de sa dame, en quelque façon que ce fust. Mais il enrichit cela de fables poétiques, comme nous dirons par le menu. Richement jaunissant.) Acrisie fut jadis Roy d’Arges, auquel ilavoit esté prédit, que d’une sienne fille nommée Danés, sortiroit un fils qui le mettrait à mort. Craignant cela, il fit faire une grosse tour d’aerain, et là dedans enferma sa fille, luy ayant pourveu de quelques femmes pour son service, défendant tresexpressement, que homme quel qu’il fust, n’eust leans entrée : espérant par ce moyen éviter son desastre. Mais .un i que le recelement d’une excellente beauté ne fait