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III. LIVRE
COMPLAINTE DE GLAV-
que à Scylle Nymphe


ODE XVII.


LEs douces fleurs d'Hymette aux Abeilles agréent,
Et les eaux de l'Eſté les alterez recréent:
Mais ma peine obſtinée
Se ſoulage en chantant ſur ce bord foublement
Les maux auſquels Amour a miſerablement
Soumis ma deſtinée.
Hé Scylle Scylle, las ! ceſte dolente riue,
Voire ſon flot piteux qui gromelant arriue
Des ondeuſes campaignes,
Me plaint & me lamente, & ces rochers oyans
Mon dueil continuel de moy ſont larmoyans:
Seule tu me deſdaignes.
Ce iour fut mon malheur, quald les Dieux marins eurent
Enuie ſus mon aile, & lors qu'il me cognurent
De leur grande mer digne.
Las ! heureux ſi iamais ie n'euſſe deſdaigné
L'art premier où i'eſtois par mon pere enſeigné,
Ny mes rets ny ma ligne !
Car la flamme d'Amour, qui m'eſpoiçonne & lime,
Me vint ardre au milieu (qui l'euſt creu !) de l'abîme
De leur mer fluctueuſe:
Et bien en autre forme adonc ie me changeay,