Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
III. LIVRE
ODE XVI.



LE iour pouſſe la nuit,
Et la nuit ſombre
Pouſſe le iour qui luit
D'vne obſcure ombre.
L'Autonne ſuit l'Eſté,
Et l'aſpre rage
Des vents n'a point eſté
Apres l'orage.
Mais la fiéuvre d'amours
Qui me tourmente,
Demeure en moy touſiours,
Et ne s'alente.
Ce n'eſtoit pas moy, Dieu,
Qu'il falloit poindre,
Ta fleche en autre lieu
Se deuoit ioindre.
Pourſuy les pareſſeux
Et les amuſe,
Et non pas moy, ne ceux
Qu'aime la Muſe.
Helas, deliure moy
De ceſte dure,
Qui plus rit quand d'eſmoy
Voit que i'endure.
Redonne la clairté
A mes tenebres,
Remets en liberté
Mes iours funebres.