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DES ODES.

Qui ne veut offenſer la loy de la ſaiſon,
Prendre à gré les plaiſirs que touſiours la maiſon
En temps pluuieux donne.
Mais ſi iaugure bien, quand ie voy pendre en bas
Les nuaux auallez, mardy ne ſeras pas
Si mouillé qu'auiourdhuy, nous prendrons le repas
Tel iour, nous deux enſemble.
Tandis chaſſe de toy tout le mordant ſouci,
Chaſſe moy le procez, chaſſe l'amour außi:
Ce garçon furieux aux plus ſages d'ici
Mille douleurs aſſemble.
Du ſoin de l'aduenir ton cœur ne ſoit eſpoint,
Ains content du preſent ne te tourmente point
Des mondaines faueurs qui ne dureront point
Sans culbuter à terre.
Plus toſt que les buiſſons les Pins audacieux,
Et le front des rochers qui menace les Cieux,
Plus toſt que les cailloux abbaiſſez à nos yeux,
Sont frappez du tonnerre.
Vien ſoul : car tu n'auras le feſtin ancien,
Que prodigue donna l'orgueil Egyptien
Au Romain qui vouloit tout l'Empire eſtre ſien:
Ie hay tant de viandes.
Tu ne boiras außi de ce Nectar diuin
Qui rend Anjou fameux : car volontiers le vin
Qui a ſenti l'humeur du terroir Angeuin,
Suit les bouches friandes.

I vj