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DES ODES.
ODE XIIII.



MOn ame, il eſt temps que tu rendes
Aux bons Dieux les iuſtes offrandes
Dont tu as obligé tes vœux:
Sus, qu'on dreſſe vn autel de terre,
Auec toy payer ie le veux,
Et qu'on le pare de Lierre
Et de Veruéne aux foids cheueux.
Les Dieux n'ont remis en arriere
L'humble ſouſpir de ma priere,
Et Pluton qui n'auoit appris
Se flechir pour dueil qu'homme meine,
N'a pas mis le mien à meſpris,
Rappellant la Parque inhumaine
Qui ja du Bellay tenoit pris.
Mortes ſont les fiéures cruelles
Qui rongeoyent ſes cheres moüelles:
Son œil eſt maintenant pareil
Aux fleurs que trop les pluyes baignent
Enuieuſes de leur vermeil,
Qui plus gaillardes ſe repeignent
Aux rayons du nouueau Soleil.
Sus Mégret, qu'on chante qu'on ſonne
Ceſt heur que la ſanté luy donne,
Qu'on chaſſe ennuis ſoucis & pleurs,
Qu'on ſeme la place de Roſes,
D'Oeillets, de Lis, de toutes fleurs
En ce beau mois d'Auril ecloſes,

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