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III. LIVRE
A LA FONTAINE
Belleriee.
ODE VIII.



EScoute moy Fontaine viue,
En qui i'ay rebeu ſi ſouuent,
Couché tout plat deſſus ta riue
Oiſif à la fraicheur du vent:
Quand l'Eſté meſnager moiſſonne
Le ſein de Cerés déueſtu,
Et l'aire par compas reſonne
Gemiſſant ſous le blé batu:
Ainſi touſiours puiſſes-tu eſtre
En religion à tous ceux
Qui te boiront, ou feront paiſtre
Tes vers riuages à leurs beufs.
Ainſi touſiours la Lune claire
Voye à mi-nuict au fond d'vn val
Les Nymphes pres de ton repaire
A mille bonds mener le bal,
Comme ie deſire Fontaine,
De plus ne ſonger boire en toy
L'Eſté, lors que la fiéure ameine
La mort deſpite contre moy.