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III. LIVRE

Bruns les Muſes ont les yeux,
Toutefois belles & nettes
Reluiſent comme planettes
Parmy la troupe des Dieux.
Mais que ſert d'eſtre les filles
D'vn grand Roy, ſi vous tenez
Les Muſes comme inutiles,
Et leurs ſciences gentiles
Dés le berceau n'apprenez ?
Ne craignez pour mieux reuiure,
D'aſſembler d'egal compas
Les aiguilles & le liure,
Et de doublement enſuiure
Les deux meſtiers de Pallas.
» Peu de temps la beauté dure,
» Et le ſang qui des Rois ſort,
» Si de l'eſprit on n'a cure:
» Autant vaut quelque peinture
» Qui n'eſt viue qu'en ſon mort.
» Ces richeſſes orgueilleuſes,
» Ces gros diamans luiſans,
» Ces robes voluptueuſes,
» Ces dorures ſomptueuſes
» Periront auec les ans.
» Mais le ſçauoir de la Muſe
» Plus que la richeſſe eſt fort:
» Car iamais rouillé ne s'vſe,
» Et maugré les ans refuſe
» De donner place à la mort.
Si toſt que ſerez appriſes
A la danſe des neuf Sœurs,
Et que vous aurez compriſes