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III. LIVRE

De l’Itale & des Eſpagnes.
Mais la mort qui le tua,
Luy mua
Son eſpouſe en vne pierre:
Et pour tout l’heur qu’il conceut,
Ne receut
Qu’à peine ſix pieds de terre.
Comme on voit au poinct du iour
Tout autour
Rougir la Roſe eſpanie,
Et puis on la voit au ſoir
Se dechoir
A terre toute fanie :
Ou comme vn Liz trop laué,
Agraué
D’vne pluyeuſe tempeſte,
Ou trop fort au chaud atteint
Perdre teint,
Et languir à baſſe teſte:
Ainſi ton Oncle en naiſſant
Periſſant
Fut veu preſque en meſme eſpace,
Et comme fleur du Printemps,
En vn temps
Perdit la vie & la grace.
Si pour eſtre nay d’ayeux
Demy-Dieux,
Si pour eſtre fort & iuſte,
Les Princes ne mouroient pas,
Le treſpas
Deuoit eſpargner Auguſte.
Si ne veinquit-il l’effort