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III. LIVRE

Et ne l'as porté ſecrete,
Dedans vn Antre de Crete,
Afin qu'il veſquiſt de miel,
Afin außi que ſa léure
Suçaſt le laict de la Chéure
Que depuis il mit au ciel:
Et que les Cretois gendarmes
S'entrechoquant de leurs armes
En danſant fiſſent vn ſon
Parmy l'Antre ſolitaire,
Pour engarder que le pere
N'entr'ouyſt ſon enfançon.
Mais tu l'as, Royne treſſage,
Porté dés ſon premier âge
Non à Nede, non außi
Aux compagnes Dicteennes,
Non aux Nymphes Meliennes
Pour en prendre le ſouci:
Mais à Durfé, qui radreſſe
Les fautes de ſa ieuneſſe
Par vn art induſtrieux,
Et comme en la cire tendre
En cent façons luy fait prendre
Les vertus de ſes ayeux.
Ores vne ombre il exerce
D'vne bataille diuerſe,
Et tenant le fer en main
Les ſiens au combat il ſerre,
Et braue eſmeut d'vne guerre
La figure faite en vain:
Ores les cheuaux il donte,
Et leur bruteſſe ſurmonte