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I. LIVRE

R’encontre-balance vn grand heur
A ſa diligence loyale.
Il me plaiſt or’de deſcocher
Mes traits Thebains pour les lâcher,
Montmorency, dedans ta gloire,
Afin qui ie te face croire,
Que la nourriture d’vn Roy
De bien loin nos rimeurs ſurmonte,
Lors que hardie elle raconte
Vn vaillant-ſage comme toy.

Antiſtro.

» Nul n’eſt exempt de la Fortune :
» Sa rouë chacun importune,
» Tourmente peuples & Seigneurs.
Œdipe ſentit ſa ſecouſſe,
Et de quel tonnerre elle pouſſe
Les grands Princes de leurs honneurs.
Mais tout ainſi que les flambeaux
Ou du Soleil ou d’vne eſtoile
Tout ſoudain reluiſent plus beaux
Apres qu’ils ont brisé leur voile :
Ainſi apres ton long ſeiour
Tu nous eſclaires d’vn beau iour,
Ayant cognu par ta preſence
Combien nous nuiſoit ton abſence,
Priuez de ton œil qui ſçait voir
Les pieds boiteux de la malice,
Si pres œilladant la police,
Que rien ne le peut deceuoir.

Epode.

» Et qu’eſt-ce que des mortels ?
» Si au matin ils fleuriſſent,