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LE TROISIESME
LIVRES DES ODES.


AV ROY HENRY II.


ode i.



COmme on voit la nauire attendre bien ſouuent
Au premier front du port la conduite du vent
Afin de voyager, hauſſant la voile enflée
Du coſté que le vent ſa poupe aura ſouflée :
Ainſi, Prince, ie ſuis ſans bouger attendant
Que ta faueur royale aille vn iour commandant
A ma nef d'entreprendre vn chemin honorable
Du coſté que ton vent luy ſera fauorable.
Car ſi tu es ſa guide, elle courra ſans peur
De trouuer deſſous l'eau quelque rocher trompeur,
Ou les bans perilleux des ſablonneuſes rades,
Ou l'aboyante Scylle, ou les deux Symplegades :
Mais ſeurement voguant ſans crainte d'abyſmer,
Ioyeuſe emportera les Muſes par la mer,
Qui pour l'honneur de toy luy monſtreront la voye
D'aller bien loin de France aux riuages de Troye,