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Ôter ainsi son air d’enterrement,
Si convenable alors qu’on désespère ?
Regardant tout, le duc laissait tout faire.
c Qui peut savoir, se disait-il tout bas,
Si ce docteur singulier n’aurait pas
Quelque secret par lequel il opère
Et peut sauver, dans cet extrême cas,
Ma fille unique ?… Et s’il faut qu’elle meure,
Enfer et ciel ! s’il faut que je la pleure,
J’aurai du moins la joie, en mon chagrin,
De faire après mourir le médecin ! »
 
Elle vécut. Le docteur fit merveille,
Et la princesse alla de mieux en mieux.
Un doux éclat revient à ses beaux yeux,
De jour en jour sa joue est plus vermeille ;
Et, du printemps reprenant les couleurs,
Elle renaît en regardant des fleurs.
Chacun admire alors, crie au miracle.
Le médecin fut tenu pour oracle.
Comme il savait composer son maintien,
Se taire, il put imposer. La nature
Avait tout fait dans cette noble cure,
Mais il en eut l’honneur : ne faire rien,
En médecine, est souvent faire bien.