Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je suis d’un point inquiet seulement :
C’est qu’il faudra payer l’enseignement.
Faire un docteur est une grosse affaire !
— Bah ! dit la Mort, crois-tu donc nécessaire
Qu’un médecin soit à ce point savant
De raisonner des effets et des causes,
Et qu’en sa tête il loge tant de choses ?
Va ! leur savoir si vanté n’est souvent.
Tu peux, Thibaut, m’en croire, que du vent.
Ton fils saura tout ce qu’il faut qu’il sache
Pour son état, et j’en ferai ma tâche.
En quatre mots c’est moi qui l’instruirai.
S’il retient bien ce que je lui dirai,
Des grands docteurs tout pleins d’expérience
Nul ne pourra le passer en science.
En un seul point tout sera concentré ;
Il suffira pour lui d’y prendre garde :
Vers un malade appelé, qu’il regarde
À quel endroit près du lit je serai, —
Car à lui seul je me révélerai,
Et nul que lui ne doit me voir en face ! —
Donc près du lit qu’il observe ma place :
Si c’est en tête, il peut être assuré
Que le malade est perdu sans remède.
Sans disputer avec moi, qu’il me cède !
Si c’est au pied, le salut est certain.