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Qu’un parrain juste, en sa folie extrême,
Mais vraiment juste, et non pas à peu près,
Suivant le temps, les gens, les intérêts,
Comme on en voit ; la justice enfin même !…
L’enfant risquait de mourir sans baptême.

Chez ses parents d’abord et ses amis
L’homme chercha, puis dans le voisinage,
Puis à l’entour, et dans chaque village
À l’examen tout le monde fut mis.
Point de parrain. Nul n’avait en partage
Cette équité ferme et sans compromis,
Rare vertu ! Mais, sans perdre courage,
Jurant d’avoir ce qu’il s’était promis,
Notre Lorrain, pour se mettre en voyage,
Un beau matin planta là son ménage.

Il prend en main son bâton, son manteau
Sur son épaule, et part seul, en silence.
Comme il passait au pied d’un grand coteau.
Il voit venir le seigneur du château
Qui, l’abordant d’un air de bienveillance :
« Thibaut, dit-il, je sais ce que tu veux ;
Garde-toi bien d’aller plus loin ; sur l’heure
Tu dois en paix regagner ta demeure :
J’ai ton affaire et viens combler tes vœux.